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Le Café-Livres à Lille, des livres et une scène ouverte

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Café livres de Lille

Agnès Boitelle a 41 ans. Elle a ouvert le Café-Livres à Lille il y a deux ans. Ancienne chercheuse en biologie, sa famille vient de Lille mais elle n’y a pas toujours vécu. Grande voyageuse, elle a visité ou habité dans dix-huit pays différents… L’idée du Café-Livres vient d’une blague entre thésards (pendant sa thèse dans les années 1990). Ils se projetaient dans le futur en se posant la question : « Que feras-tu quand tu seras au chômage ? » Agnès avait déjà l’idée d’un « café librairie », concept qui n’existait pas à l’époque. Les gens n’ont pas vraiment pris son idée au sérieux. Agnès : « C’était l’idée d’un lieu comme j’aurais voulu en trouver un à l’époque : un lieu de vie, avec des sièges confortables, où l’on peut manger un morceau en sortant du boulot, avec des livres à disposition. Je vois aussi le café comme un lieu d’attente et de transition, c’est l’endroit idéal pour découvrir de nouvelles choses.»  Après sa thèse, Agnès a enchaîné les CDD durant 8 ans. Deux possibilités lui semblaient alors envisageables et la passionnaient : continuer sur la voie de la recherche en biologie ou ouvrir un café librairie. Lasse de chercher du travail, elle a finalement repris l’idée du café. Entre-temps, elle a pu en visiter dans plusieurs pays et constater que le concept s’était développé un peu partout.

Le café livresPropos recueillis par Juliette Guilbaud

NRP – Comment qualifieriez-vous ce lieu, son ambiance ?
Agnès Boitelle – Beaucoup de gens disent qu’il est « atypique ». Il se situe dans le vieux Lille, avec une ambiance de café de quartier. Au niveau du type d’interaction qui peut se créer avec les clients, ou entre les clients eux mêmes, c’est assez différent de ce que l’on peut trouver ailleurs, dans un autre café. Mais c’est aussi un lieu intergénérationnel : les jeunes en parlent à la génération d’au-dessus, mais on trouve aussi l’inverse : des plus âgés qui en parlent aux jeunes. Au final, tous continuent de le fréquenter, mais ensemble. Je suis assez proche de mes clients et ouverte, ce qui facilite les rencontres et les interactions entre eux.

NRP –  Parlez-nous un peu des rendez-vous que vous proposez en plus de la vie quotidienne du café et de la librairie. Pourquoi avoir choisi de faire des scènes ouvertes Slam-Poésie ?
A. B. –  Un jour quelqu’un m’a fait la proposition d’organiser des scènes ouvertes, et j’ai tout simplement dit oui. Il existe déjà un rapport avec le livre et ça attire aussi des clients. Selon moi, un café reflète la vie des gens et donc, y faire une scène ouverte a un sens. De même, on me propose des concerts de musique ou encore des rencontres d’auteurs (proposition d’une libraire indépendante par exemple). Des personnes qui s’autoéditent me demandent s’ils peuvent présenter leur livre. En contrepartie, ils doivent proposer une animation autour de cette présentation. Par exemple, on a reçu Régis Boyer, un spécialiste de littérature scandinave, des chanteurs, des musiciens (et cela va du jazz manouche au violoncelle baroque).

NRP –  Quel rapport entretenez-vous avec la littérature, la poésie, le slam ?    Café livres de Lille
A. B. –  Je ne connaissais pas le slam avant qu’on me propose de faire une scène. Pour la littérature, je lis depuis le CP. Jeune, je lisais trois à quatre livres par semaine, notamment au lit avant de dormir et dans les transports en commun. J’ai toujours été une grosse lectrice. Je lis pour le divertissement, pour le style également, mais plus rarement pour m’instruire. Pour moi, lire permet d’échapper à la réalité, de se retrouver dans un autre monde. Lire, c’est entrer dans le monde de l’autre et l’accepter.
En ce qui concerne la poésie, j’ai souvent besoin qu’on m’y introduise.
La plupart des poètes que je fréquente m’ont été présentés et lus à haute voix. Il est plus difficile pour moi de lire des recueils car j’ai besoin de la musicalité apportée par la lecture à voix haute. Quant au slam, il me permet de découvrir des rythmes, des personnages, des façons de s’exprimer, des styles poétiques différents.

NRP – Comment s’organisent les rencontres, qui choisit, comment sont choisis les artistes qui passent ?
A. B. –  Le tout est parti de « Phidel » (Philippe Delphos) : il m’a été présenté par un client et il a vite proposé de faire des rencontres autour du slam. Au départ, il choisissait un soir où il n’y avait pas d’autres soirées slam sur Lille, maintenant, il l’organise tous les derniers vendredis du mois. Pour faire connaître ces soirées, on en parle sur Facebook, on pose des affiches. Et lorsque les gens arrivent en début de soirée slam, Phidel va à la rencontre des clients du café pour leur demander s ‘ils veulent participer. Parfois il y a beaucoup de slameurs, d’autres fois moins, et il arrive que des gens non slameurs interviennent spontanément.

NRP – À titre d’exemple, pourriez-vous raconter comment s’est passée la soirée slam du mois d’octobre 2010, le type de public, qui est monté sur scène, des anonymes, des poètes « professionnels » ?
A. B. –  Il y avait surtout des slameurs, dont certains qui venaient pour la première fois – pour la plupart assez jeunes. La soirée slam a eu lieu durant le repas du soir, alors que certains clients étaient attablés et que d’autres buvaient simplement un verre. Il y avait donc des personnes venues spécialement pour écouter ou participer au slam, mais aussi des personnes de passage qui ont pu profiter de la scène ouverte pour écouter, voire découvrir le slam. Dans le café, le silence se fait alors, on n’entend plus que le bruit des couverts dans les assiettes et la voix des intervenants. La plupart ont écrit leurs textes, mais certains décident aussi de lire des passages d’un ouvrage qu’ils aiment particulièrement. Des textes variés : engagés, lyriques, etc. Chaque slameur passe son message à travers ses textes, sa voix et sa musicalité.
Les habitués ou les plus expérimentés récitent parfois de tête. Certains slameurs passent plusieurs fois dans la soirée.
Il y a peu de professionnels, mais il y a néanmoins des gens passionnés qui finissent par se produire et qui essaient d’en vivre.


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